Habiter le port : Marseille retrouve la mer. - ORSINI Alicia, DE ROCCA SERRA Michel, TRAMONI

Aujourd’hui, dans un souci d’étalement urbain, les réflexions sur la ville évoluent et la recherche de foncier exploitable demeure au cœur des débats. La ville de Marseille a de tout temps été une ville tournée vers la mer et le port a joué et joue encore un rôle de premier plan dans l’histoire de la ville. Or La côte marseillaise se trouve aujourd’hui occupée dans sa majeure partie par le port autonome, entité privée et totalement imperméable, représentant une surface immense en plein centre ville. Le projet vient ainsi s’emparer d’une situation exceptionnelle à forte valeur symbolique: le port autonome de Marseille, dans une optique de construire la ville sur la ville, une urbanité suspendue comme une nouvelle strate sur la ville. Du fait des nombreuses contraintes techniques de ce territoire, le projet aborde alors le thème de densifier la ville dans la verticalité où différentes fonctions seront superposées et le thème du “vivre ensemble” sera le fondement du projet.

La multitude des portiques permet de former la structure mais aussi de créer brise-soleil et brise-vue dans les logements.

Dans cette optique de reconquête, le Hangar portuaire J1 s’est présenté comme étant un lieu de projet riche de par sa localisation, son histoire et ses dimensions. En effet, cette avancée sur la mer de plus de 250 mètres de long édifiée en 1939 avait pour vocation d’abriter les pratiques maritimes commerciales et de transport. Aujourd’hui, il s’inscrit dans la dynamique de revalorisation du patrimoine marseillais et sa particularité réside dans le fait qu’il abrite un musée sur les deux niveaux supérieurs mais continue à abriter les activités portuaires au sol. Ce sera dans la continuité de ce principe de superposition des usages que s’inscrit le projet de logements.

Vue du ciel.

Le J1, édifice remarquable, est constitué aujourd’hui d’une structure poteaux-poutres en béton armé au rez-de-chaussée et premier étage, et de poteaux métalliques au deuxième étage soutenant de grandes fermes métalliques. Le système constructif de l’extension vient utiliser la structure existante Et vient s’y greffer. En effet, chaque cellule de logement est constituée d’une structure autoportante métallique formée d’une multitude de profilés créant des portiques reliés entre eux, à l’image de la charpente marine. Ces éléments viendront se glisser entre les fermes métalliques existantes. Ils seront tenus par des poutres accrochées aux poteaux métalliques existants et contreventés en partie haute par une fixation aux fermes. La répétition de ces éléments permettra de rigidifier la structure résultante.

Vue intèrieure.

Cette situation particulière d’investissement d’un hangar sur le port autonome de Marseille pourrait être une stratégie utilisée à l’échelle de la ville ou encore dans d’autres villes portuaires de France…